C’est à la fois une philosophie inscrite dans un lieu et un temps particuliers, à savoir le Cachemire du IXème au XIIème siècles de notre ère, et une intuition de la vie, de la conscience, une compréhension de l’existence qui sont universelles. De mon point de vue la Reconnaissance est le cœur de toute véritable connaissance de soi, de toute expérience authentique de l’Être.

En fait la Reconnaissance c’est simple : c’est la prise de conscience spontanée, je dis bien spontanée, de ce que nous sommes réellement, de notre vraie nature, de notre être véritable, notre essence. La Reconnaissance n’est pas un processus mental, elle n’est pas de l’ordre de l’introspection, elle n’est pas le résultat de l’analyse. Cependant la pensée, la réflexion, le discernement sont indispensables, mais ne peuvent que nous amener au seuil où toute pensée prend fin, toute réflexion s’avère inutile et où se présente un au-delà du discernement. C’est alors que surgit la prise de conscience spontanée de notre véritable identité ; cette prise de conscience non-mentale, soudaine et globale est appelée vimarśa dans le Shivaïsme du Cachemire. Krishnamurti, dont l’enseignement, révolutionnaire à bien des égards, tend à nous libérer des conditionnements, l’appelait insight.

Et à cela il n’y a rien d’extraordinaire, cela ne relève d’aucun savoir particulier, scientifique ou prétendument ésotérique, d’aucune disposition spéciale ; en fait il s’agit d’une expérience quotidienne, mais à laquelle nous ne prêtons pas attention. Sans doute est-ce là le point essentiel, l’attention ! Être, tout ensemble, attentif et attentionné. Nous sommes conditionnés à nous concentrer (et par conséquent à ce que notre pensée se disperse), or l’attention c’est toute autre chose. Donc l’Enseignement de la Reconnaissance c’est apprendre d’abord sur soi-même, et apprendre de tout ce qui fait notre environnement, de tout ce qui fait la vie de tous les jours.

L’Enseignement nous invite à porter un regard nouveau, neuf sur la vie, il nous invite à une révolution intérieure.

 

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