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Face à la vie, face à soi-même

Qu’est-ce que l’Enseignement, qu’est-ce que la Reconnaissance ? c’est avant tout faire face à la vie, faire face à ce que nous sommes, sans nous mentir ; c’est par conséquent se connaître soi-même.

 

Je voudrais d’abord définir ce que j’appelle l’Enseignement, et donner un aperçu des questions que nous allons explorer ensemble.

Avant cela je voudrais dissiper tout malentendu, à savoir que je ne propose pas de théorie, je ne donne pas de réponses, il n’y a ni maître ni élèves ; à cet égard j’aimerais vous proposer une image que donnait souvent Krishnamurti, celle de deux amis, assis sur un banc qui explorent ensemble les questions complexes, les défis auxquels la vie nous confronte constamment, à chaque instant.

 

Nous nous posons tous les mêmes questions, et cela depuis les origines de l’humanité :   qu’est-ce que la vie ? quel est le sens de l’existence, de notre existence ? Notre existence ! Mais a-t-elle un sens, et dans l’affirmative, pouvons-nous le découvrir, et de quelle façon ? Et il y a la question de la mort : qu’advient-il après la mort ?

Et puis il y a une autre question, qui me semble plus cruciale : savez-vous vraiment qui vous êtes ? “Qui suis-je“ est le grand questionnement que nous soumettent les sages de l’Inde, hier comme aujourd’hui. C’était la question sans cesse posée à Jésus de Nazareth : “qui es-tu ?“

Et enfin de mon point de vue il y a quelque chose de plus fondamental, que j’appelle l’aspiration : cette force qui nous pousse à aller de l’avant, à vouloir comprendre, à désirer connaître, et plus encore à se connaître soi-même. Cette force qui nous pousse à vivre pleinement notre vie, à entreprendre, à agir, à recommencer malgré les échecs et les déconvenues ! Je ne crois pas que ce soit le hasard qui vous a conduit sur ce site, mais justement cette force mystérieuse, cette puissance à la fois étrange et profondément intime. Nous verrons plus loin que la vie intérieure est un acte de reconnaissance : reconnaître cela qui nous anime, cela qui est le sens que nous recherchons, cela qui est la question et la réponse. Tout enseignement est un enseignement de la reconnaissance,  c’est ce que vous aurez tout le loisir de découvrir à travers les textes que propose ce site.

 

Chacune, chacun s’est lancé dans l’existence avec les réponses et les croyances que la culture de son milieu lui a transmises, une culture fondée sur un ensemble de traditions, de religions, de philosophies. Mais les réponses apportés par la culture ne sont-elles pas déjà vieilles ? nous voyons bien qu’elles ne nous permettent pas de vivre réellement, c’est-à-dire sans conflit, sans incertitude ; pour le dire autrement, les idées et les croyances sont incapables de nous rendre libres.

La conséquence c’est une insatisfaction au fond de nous, profonde, tenace, et surtout vitale. L’insatisfaction dont je parle n’a rien à voir avec le désappointement de ne pas obtenir ce que l’on veut, ce que l’on convoite, il s’agit d’une voix, d’un cri au plus profond de nous. Cette voix, ce cri représentent ce que nous possédons de plus précieux, sans doute la seule chose que nous possédions réellement. Vous l’avez reconnue, c’est l’aspiration dont il était question plus haut. L’aspiration à Autre Chose. Quelle est cette Autre Chose qui n’a de cesse de se faire entendre, de se faire reconnaître à travers le tumulte de ce que nous appelons la vie ? Voici le moment de remettre les choses en place : l’existence, notre existence est impermanente, elle prendra fin tôt ou tard ; la vie existait avant nous, elle existera après nous, elle traverse l’existence, toutes les existences. On parle souvent du tumulte de la vie, en réalité le tumulte appartient au monde, avec l’agitation, la vie ne connait ni tumulte ni agitation : elle est simplement. Quant au monde c’est la superstructure que l’homme a imposée à la vie.

Ceci dit, quelle est donc cette Autre Chose vers laquelle tend tout notre être ? C’est ce que nous allons explorer, découvrir. Au fil des textes que propose ce site nous allons entreprendre un voyage intérieur. A cela il y a une condition, que vous soyez un auditeur actif, un aventurier de l’esprit, car ce voyage a ceci de particulier, que le pays, en grande partie inexploré, que nous allons parcourir c’est nous-mêmes. Nous ne serons pas comme ces touristes, assis dans un car, qui regardent les villes et les paysages à travers la vitre. Nous devrons parcourir nous-mêmes les rues, les avenues, les chemins, les sentiers. Il ne serait pas surprenant que vous vous aperceviez en cours de route que vous êtes trop chargés pour continuer. Aujourd’hui encore les pèlerins vont à pied à Saint Jacques de Compostelle ou aux sources du Gange; certains, chargés comme des mulets ont peu de chances de toucher au but, sauf à se délester de l’inutile. Ce qui n’est pas essentiel nous encombre et engendre des souffrances que nous aurions pu nous éviter.

Nous découvrirons au cours de notre voyage ce qui nous encombre, nous découvrirons ce qu’est l’inutile. En effet le voyage intérieur n’est pas accumulatif, il exige à chaque instant de nous alléger de ce qui entrave notre marche.

 

Le plus souvent nous nous contentons de lire ou d’écouter l’expérience des autres ; je vous propose quelque chose de beaucoup plus intéressant, découvrir par vous-mêmes, marcher vous-mêmes sur les chemins au lieu de regarder par la vitre. C’est alors que les expériences vécues et rapportées par d’autres, et transmises oralement ou dans des livres, prendront une réelle signification susceptible d’éclairer et enrichir votre propre expérience. En fait c’est très simple, il s’agit de lire ces lignes, ces textes en étant à l’écoute de vous-mêmes, autrement dit en explorant votre intérieur. Ce faisant vous ferez face à la vie, au monde, et surtout à vous-mêmes.

 

Il est temps de donner un éclairage sur l’Enseignement. Il ne s’agit pas de mon  enseignement, il n’y a en réalité qu’un enseignement qui prend des formes multiples et qui a été transmis depuis toujours sous différentes formes, adaptées aux époques, aux lieux et aux cultures auxquels il était destiné. Initialement l’Enseignement était transmis oralement, jusqu’au moment où il fut fixé par écrit, donnant naissance aux religions du Livre, qu’il s’agisse des Védas, de la Bible ou du Coran. A ce propos Alain Daniélou écrivait : “La superstition de l’écrit est un obstacle au développement de la connaissance dans le domaine du savoir scientifique ou religieux.“ Krishnamurti déclarait dans le cadre d’un dialogue avec un érudit bouddhiste :  “'Nobody listened the Buddha, that is why there is Buddhism.“ Personne n’a réellement écouté le Bouddha, c’est pourquoi il y a le Bouddhisme. Qu’est-ce à dire sinon que nous figeons l’Enseignement intemporel dans des formules, au lieu d’en savourer l’essence, le parfum.

Donc en évoquant l’Enseignement, je ne parle pas de quelque chose que j’aurais inventé. Nul ne peut ajouter ou retrancher quoi que ce soit à l’Enseignement ; tout est déjà dit, tout nous est déjà donné. Le Shivaïsme l’exprime ainsi : “tout est déjà là“.

Mais il appartient à celles et ceux qui sont en charge de transmettre d’en adapter la formulation à une culture donnée, à un temps et un lieu donnés. Par-dessus tout nous ne pouvons transmettre que ce que nous avons intégré, que ce que nous connaissons par l’expérience, par le vécu.

Donc je m’efforce à transmettre l’Enseignement, l’aspiration qui m’animent depuis toujours, ceci de façon accessible, facilement compréhensible, sans l’affadir aucunement, sans superficialité.  

 

 

 

Pour conclure ce long préambule, j’attire votre attention sur le fait que vous êtes, que nous sommes, dans un commencement. Tout est inscrit dans chaque commencement, “tout est déjà là“ comme cela vient d’être dit. Ce qui signifie que votre écoute, votre attitude intérieure, maintenant, conditionnent la suite, qu’elles incluent le développement de votre recherche.

 

Le texte suivant abordera cette question du commencement, ensuite nous entrerons dans le cœur de l’Enseignement.

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