Tantra

L’Enseignement s’inspire largement du Tantra, et l’Espace Thérapie propose des Ateliers Tantra. Il me semble utile de préciser ce qu’est le Tantra ; en effet, à l’instar du Yoga tout le monde en a entendu parler mais peu le connaissent véritablement.
La tradition indienne était fondée sur des textes appelés Vedas, considérés comme une révélation dont les rishis, les sages des temps anciens, étaient les dépositaires. Les Vedas sont le témoignage de la culture et de la religion des Aryens qui se sont implantés en Inde à partir du troisième millénaire avant notre ère. La spiritualité classique de l’Inde est fondée sur les Vedas et leurs commentaires.
La civilisation préaryenne n’était pas fondée sur la patriarcat, incarné notamment par le système des castes. Sa culture et sa religion constituaient le Shivaïsme ancien. A l’époque de notre Moyen-Age, l’Inde a été le théâtre d’un renouveau du Shivaïsme, qui exerça dès lors une profonde influence sur l’ensemble du sous-continent ; le Shivaïsme était traversé par un courant populaire, religieux, et un courant philosophique. Les textes qui portaient ce renouveau étaient appelés tantras, par opposition aux sutras qui véhiculaient la spiritualité classique fondée sur les Vedas. Les tantras ont profondément marqué la société indienne, jusqu’à nos jours : la période d’influence du Shivaïsme, par conséquent des tantras, du IXème au XIIIème siècles de notre ère, vit l’apogée culturelle de l’Inde, qu’il s’agisse de philosophie, d’art, d’architecture ou de science.
Au début du XXème siècle les chercheurs occidentaux, d’abord sous la direction de l’Ecole Française de Pondichéry, redécouvrirent les tantras, tombés dans l’oubli. C’est ainsi que les occidentaux créèrent le concept de Tantrisme ou Tantra pour désigner l’enseignement transmis par ces textes alors que la culture indienne n’est pas habituée à faire entrer les diverses approches dans des cases bien définies. Le terme est resté.
Que recouvre réellement le Tantra ?
Le mot tantra signifie trame, faisant référence à la trame de l’univers, intuition validée par la physique moderne.
Dans leur très grande majorité les tantras sont consacrés à la description de rituels fort complexes ; d’autres ont une portée philosophique d’une grande profondeur.
Aujourd’hui le Tantra est connu d’une part pour sa description du corps énergétique, en particulier les çakras, et d’autre part pour son exposé de l’identité de l’énergie cosmique et de l’énergie sexuelle. Et il faut le dire, ce qui suscite aujourd’hui l’intérêt du plus grand nombre, ce sont les rituels sexuels, d’ailleurs marginaux dans la tradition tantrique. Pour comprendre ces rituels et ne pas s’égarer dans des pratiques fantasmées, il conviendrait de connaître la mystique et la philosophie qui les sous-tendent, ce qui est rarement le cas.
La philosophie des tantras porte sur l’essence de la Réalité, qui est conscience, et qui est nommée Śiva, sur la nature de l’énergie nommée Śakti, et sa transmutation ; elle s’intéresse aux émotions comme facteurs de transformation, et s’interroge sur la liberté. Le Tantra se désolidarise du système des castes et dénonce la domination de l’homme sur la femme, et affirme que l’être humain s’accomplit dans le monde et non en se retirant de la société.
Le Tantra est traversé par plusieurs courants, plusieurs écoles ; l’une d’elles, la Pratyabijnā se traduit par Philosophie de la Reconnaissance. Celle-ci a un caractère universel, qui dépasse largement les cadres de la culture indienne. C’est la raison pour laquelle j’ai repris ce terme Philosophie de la Reconnaissance pour l’enseignement que je transmets.
Dans les années 1980 le Tantra a été popularisé sous la forme d’une approche psychocorporelle, prenant en compte les émotions, et la sexualité dans toute sa complexité. Il ne s’agit donc pas du Tantra traditionnel mais d’une réinterprétation de celui-ci à l’aune des apports de la psychologie. De mon point de vue il est vital que les stages et ateliers de ce “Néo-Tantra“ soient enracinés dans l’enseignement, dans la spiritualité qui en sont à l’origine. C’est le cas de Nicolas qui anime ces Ateliers Tantra, qui peuvent s’envisager comme l’un des aspects pratiques de l’Enseignement de la Reconnaissance.